Voici les dernières réactions après les incidents à Clichy-sous-Bois et dans les banlieues parisiennes.
Associations et syndicats
Le Snes-FSU de l'académie de Créteil : Nous demandons que la banlieue soit l'objet d'une "attention particulière de l'Etat" et "d'une vraie politique de l'éducation prioritaire". "Ces événements, trop vite qualifiés 'd'émeutes urbaines', révèlent l'état d'abandon et d'injustice ressentie par une partie de la jeunesse".
"Enseignants, syndicalistes, nous ne pouvons que réprouver l'usage de la violence et affirmons la nécessité de toujours se placer sur le terrain de la discussion et de la concertation". Nous condamnons "le surenchérissement dans le discours sécuritaire qui, loin de ramener le calme, ne fait qu'aggraver la situation, exaspérer les frustrations et le sentiment d'injustice". "Ces quartiers, nombreux sur le territoire de notre académie, ne sont ni 'sordides', ni 'pourris', mais y vivre est souvent plus difficile qu'ailleurs du fait de la relégation des couches les plus pauvres et du manque de financements nationaux". (Communiqué, vendredi 4 novembre)
La Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) : "la condamnation et la répression ne peuvent être l'unique réponse". "Il est trop facile de dire que le traitement social des banlieues a échoué et de nier tout ce qui existe". "Depuis des années, beaucoup d'initiatives positives s'y vivent. C'est le travail de la JOC, mais aussi des Missions locales, des jeunes, des familles et plus largement de tous les gens qui ne baissent pas les bras".
"Renforcer la sécurité dans les banlieues est évidemment une nécessité (....) mais il faut aller plus loin et encourager le travail social et associatif, permettre une véritable éducation citoyenne et offrir dignité et reconnaissance à chacun". (Communiqué, jeudi 3 novembre)
L'UFCN, l' Union française pour la cohésion nationale "déplore la situation qui s'est développée en Seine Saint Denis, initialisée par une série de provocations policières et politiques. Nous dénonçons une fois de plus le traitement imposé aux français habitant les
quartiers défavorisés où, de victimes sociales, ils sont présentés maintenant comme des bourreaux, des casseurs." A propos de la réaction d'Azouz Bagag face aux déclarations de Nicolas Sarkozy, " on lui a tiré dessus à boulets rouges !"."L'UFCN dénonce cet acharnement contre Monsieur Azouz Begag, vindicte qui prouve bien qu'une grande partie de la classe politique, dont les éléments cités ci-dessus ne sont qu'un échantillon, n'apprécie pas de voir des français de référence afro maghrébine siéger à leurs côtés dans les hautes sphères de
l'Etat." "Bien que n'étant pas dans la même lignée politique d'Azouz Begag, nous tenons à lui assurer notre solidarité". (Communiqué, mercredi 2 novembre)
La Ligue des droits de l'Homme de Seine-Saint-Denis "s'associe à l'appel au calme lancé par le maire de Clichy-Sous-Bois et soutient la manifestation silencieuse de samedi matin". "Au moment où certains représentants des pouvoirs publics multiplient les provocations verbales vis à vis des jeunes de banlieue 'nettoyage au Karcher, débarrasser les quartiers de la racaille', on ne peut malheureusement pas s'étonner que ce qui devrait rester des incidents avec la police se transforme en drame", déplore Marie-Christine Vergiat, présidente de la LDH 93 dans ce communiqué. "Il est impératif que l'enquête judiciaire soit conduite dans les meilleurs délais. Seule la vérité permettra d'apaiser les esprits", ajoute la LDH. (Communiqué, samedi 29 octobre)
Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, a mis en garde contre "la répétition" des violences à Clichy-sous-Bois qui "peut très vite dégénérer, le pire pouvant aussi vite arriver".
Le secrétaire national d'Alliance, Frédéric Lagache, estime que ce "degré de violence" peut être "assimilé à de la guerilla urbaine". "Plus ces événements durent dans le temps, plus nous pouvons avoir affaire à des groupes structurés qui seraient prêts à tout pour embraser les banlieues." "Face aux nombreuses violences constatées ces derniers temps en Seine-Saint-Denis", le syndicat appelle "l'ensemble de la jeunesse au calme et demande que chacun respecte le deuil des familles". (Communiqué, samedi 29 octobre)
Autres réactions
Siyakah Traore, dont le frère est mort électrocuté le 27 octobre à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : "En espérant qu'ils (ndlr : les jeunes fauteurs de trouble) écoutentla radio, on va leur demander de se calmer et d'arrêter de saccager un petit peu tout et n'importe quoi". "Ce n'est pas comme ça qu'on va réussir à faire entendre notre voix". Les violences de ces dernières nuits s'expliquent par "la colère" des habitants des quartiers défavorisés. Il ne faut pas "pas s'en prendre aux pompiers". "C'est eux qui nous sauvent la vie", "on a besoin d'eux". "Tout cela (ndlr : la mort de son frère) est dû à une poursuite".
"Il y a trop de zones d'ombre" dans cette enquête. (Déclarations sur RTL, vendredi 4 novembre)
Tariq Ramadan, intellectuel et universitaire musulman : La réponse aux émeutes qui secouent la banlieue parisienne est sociale et non pas policière. "l n'y a pas de véritable politique sociale pour venir en aide" à ces jeunes. "Nous envoyons la police, nous n'envoyons pas les services sociaux". Nous devons comprendre que dans les banlieues, il y a de profonds problèmes sociaux. Nous sommes confrontés ici à une sorte de ghetto économique et social". "Vous ne pouvez pas insulter les gens. Ils sont citoyens français. Ce que nous devons faire est de traiter avec eux. Ils veulent être une partie de la solution, pas seulement être perçus comme le problème". (Déclarations sur la BBC, jeudi 3 novembre)
Alain Touraine, sociologue, critique l'attitude du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy face aux violences urbaines qui durent depuis une semaine en banlieue parisienne, dans une interview publiée jeudi par le quotidien italien La Repubblica.
"Il (Nicolas Sarkozy) a utilisé le mot 'racaille', un terme très français et tellement chargé de mépris qu'il peut avoir des effets dramatiques", a estimé le sociologue, interrogé par le journal de centre-gauche.
"En utilisant ce terme de cette manière, le ministre de l'Intérieur a identifié toute une population aux délinquants, aux trafiquants de drogue, peut-être aux fondamentalistes islamiques", a poursuivi Alain Touraine, ajoutant : "l'identification négative d'une population crée des élements de solidarité".
(Déclaration, La Repubblica, jeudi 3 novembre)
La presse russe : "Rébellion des bandits des quartiers arabes", ou "immigrés arabes" en conflit avec le pouvoir français: pour la presse russe jeudi les violences urbaines qui secouent le nord-est de Paris depuis une semaine ont un caractère "ethnique" voire "religieux".
"Les immigrés arabes règlent leurs comptes avec les autorités" françaises, écrit le quotidien Kommersant en tête de son compte-rendu des affrontements des derniers jours.
La presse russe, et les journaux des chaînes de télévision qui en font leur premier titre, présente les jeunes émeutiers comme des "Arabes", des "Africains", installés en France et accréditent l'idée qu'il s'agit d'étrangers en conflit avec les autorités.
Beijing News L'un des quotidiens les plus populaires de Pékin, est allé jusqu'à se demander jeudi s'il était raisonnable pour les touristes chinois de se rendre à Paris en raison des violences urbaines en banlieue.
Dans un des articles d'une page entière consacrée aux émeutes, avec photos, un journaliste a posé la question à un représentant de l'ambassade de Chine en France, Zhang Jianguo. Ce dernier explique ne pas avoir reçu de réactions de ressortissants chinois, qu'ils soient touristes ou immigrés, touchés par les événements.
FIN DE L ARTICLE TIRE DU NOUVEL OBSERVATEUR
Qu'en pensez vous???
° LIKI °